jeudi 2 mai 2019

Les risques psychosociaux "RPS": approche conceptuelle


Sous l’effet des mutations du monde du travail telles que la complexité grandissante des tâches, la réduction des temps de repos, l’individualisation du travail ou encore les exigences accrues de la clientèle, la prise en compte des risques psychosociaux est devenue incontournable.

On qualifie de « risques psychosociaux » (ou RPS) les éléments qui portent atteinte à l’intégrité physique et à la santé mentale des salariés au sein de leur environnement professionnel. Ces risques peuvent recouvrir différentes formes : le stress, parmi les plus connus, mais aussi le harcèlement, l’épuisement professionnel et même la violence au travail. Ils sont la cause de plusieurs maux et pathologies (problèmes de sommeil, dépression, troubles musculo-squelettiques, maladies psychosomatiques, etc.).

L’INSERM définit les RPS comme la combinaison d’un grand nombre de variables, à l'intersection des dimensions individuelles, collectives et organisationnelles de l'activité professionnelle, d'où leur complexité et leur caractère souvent composite.

Les risques psychosociaux du travail sont définis par l'INSPQ (2016) comme des : « facteurs qui sont liés à l’organisation du travail, aux pratiques de gestion, aux conditions d’emploi et aux relations sociales et qui augmentent la probabilité d’engendrer des effets néfastes sur la santé physique et psychologique des personnes exposées ». 

Troubles de la concentration, du sommeil, irritabilité, nervosité, fatigue importante, palpitations… Un nombre grandissant de salariés déclarent souffrir de symptômes liés à des risques psychosociaux. Le phénomène n'épargne aucun secteur d'activité. Indépendamment de leurs effets sur la santé des individus, les risques psychosociaux ont un impact sur le fonctionnement des entreprises (absentéisme, turnover, ambiance de travail…). Il est possible de les prévenir.

Les risques psychosociaux (RPS) correspondent à des situations de travail où sont présents, combinés ou non :- du stress : déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes de son environnement de travail et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ;- des violences internes commises au sein de l’entreprise par des salariés : harcèlement moral ou sexuel, conflits exacerbés entre des personnes ou entre des équipes ;- des violences externes commises sur des salariés par des personnes externes à l’entreprise (insultes, menaces, agressions…).

Ce sont des risques qui peuvent être induits par l’activité elle-même ou générés par l’organisation et les relations de travail.
L’exposition à ces situations de travail peut avoir des conséquences sur la santé des salariés, notamment en termes de maladies cardio-vasculaires, de troubles musculosquelettiques, de troubles anxio-dépressifs, d’épuisement professionnel, voire de suicide.

Quelles sont les conséquences des risques psychosociaux dans les entreprises ?



L’exposition à ces différentes situations dégradées de travail a de nombreux effets. Deux types de conséquences sont à distinguer :

- Un impact sur la santéSelon l’intensité et la durée d’exposition aux facteurs de risque, l’histoire personnelle et professionnelle de chacun, le contexte de l’entreprise ou de la structure privée ou publique, l’appui et le soutien, les RPS peuvent, notamment, se traduire par l’expression d’un mal-être ou d’une souffrance au travail, des conduites addictives, etc.
Une dégradation de la santé physique et mentale peut être associée aux RPS. Il s’agit en particulier de :- troubles musculo-squelettiques,- maladies cardiovasculaires,- troubles de santé mentale (épisode dépressif, troubles anxieux, état de stress post-traumatique, tendances suicidaires),- aggravation ou rechute de maladies chroniques.

- Un impact sur l’entrepriseL’entreprise est également touchée par l’apparition des risques psychosociaux chez ses salariés. Plusieurs effets sont observés :- une augmentation de l’absentéisme ;- un taux élevé de rotation du personnel ;- le non-respect des horaires ou des exigences de qualité ;- des problèmes de discipline ;- la réduction de la productivité ;- des accidents de travail et des incidents ;- une dégradation du climat social ;- ou encore des atteintes à l’image de l’entreprise.

Les actions de prévention possibles


Au niveau international, il est admis que les interventions visant à réduire les risques psychosociaux peuvent être primaires (réduire les sources de stress), secondaires (aider les individus à développer des capacités pour mieux faire face au stress) et tertiaires (prendre en charge les individus affectés par le stress). Aussi, une combinaison de changement organisationnel et d’aide apportée aux individus constitue souvent l’approche la plus efficace pour réduire le stress au travail. Les recommandations françaises vont dans le même sens, aussi bien celles fournies par l’accord national interprofessionnel sur le stress au travail que par l’Agence nationale d’amélioration des conditions de travail.


- La prévention primaire
Elle a pour objectif l’élimination ou le contrôle des facteurs de risque présents dans le milieu du travail en agissant directement sur eux pour réduire leurs impacts négatifs sur l’individu. Il s’agit ici d’intervenir sur les causes des risques psychosociaux plutôt que sur leurs conséquences. Les actions varient en fonction des facteurs de stress détectés : surcharge de travail, marge de manœuvre insuffisante pour faire face à la demande, pression sur des objectifs quantitatifs et/ou qualitatifs, manque de soutien du management ou des collègues, reconnaissance insuffisante du travail, définition imprécise des tâches diluant les responsabilités…
« Une combinaison de changement organisationnel et d’aide apportée aux individus constitue souvent l’approche la plus efficace pour réduire le stress au travail. »

- Les programmes de prévention secondaire
Ces programmes ont pour but d’aider les individus à gérer plus efficacement les exigences et contraintes du travail en améliorant leurs stratégies d’adaptation aux sources de stress, en augmentant leur résistance au stress ou en soulageant les symptômes associés au stress. Ces actions peuvent prendre plusieurs aspects : formation à la gestion du stress, pratique de la relaxation ou de la méditation, amélioration de l’hygiène de vie, lutte contre les addictions ou aide apportée aux salariés pour faire face à diverses contraintes de la vie personnelle (crèches, conciergerie, etc.).

- Les interventions au niveau tertiaire
Elles ont pour objet le traitement, la réhabilitation, le processus de retour au travail et le suivi des individus qui souffrent ou ont souffert de problèmes de stress ou de santé mentale liés au travail (assistance psychologique, numéro d’appel d’aide et de soutien mis à disposition des salariés, consultations spécialisées, etc.). Cette hiérarchisation des actions de prévention et de lutte contre les risques psychosociaux (primaires, secondaires et tertiaires) doit être la règle en termes de recommandations générales, même s’il appartient aux entreprises de définir les types d’actions les plus pertinentes susceptibles d’être mises en œuvre en leur sein.
Les « bonnes pratiques » incluent ces trois niveaux de prévention. A titre de comparaison, la prévention du risque « incendie » consiste bien sûr à agir, au niveau primaire, sur les causes possibles de départ d’un feu (isolation des circuits électriques, matériaux ininflammables, etc), mais aussi à prévoir, par ailleurs, l’installation de détecteurs de fumée, d’extincteurs, de portes coupe-feu et d’issues de secours. A l’évidence, ces démarches de prévention secondaire et tertiaire sont indissociables des premières.

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